Vous arrivez à avoir des souvenirs de cette période de gestation !
Oui, je suis née par voie naturelle, et j’ai toujours des sensations qui tournent en tête, comme un rêve récurrent.
2 demi sphères de caoutchouc qui s’entrechoquent soudainement. Un bruit sec. L’odeur de la laine et du coton. Une main douce qui se pose sur moi. La pointe du feutre qui s’appose délicatement. Cela reste gravé en moi !
Comment s’est passée votre enfance ?
J’ai d’abord dû passer une série de tests pour valider mes aptitudes physiques, et ma résistance sur le terrain. Je peux vous dire que j’en ai bavé.
Mon diamètre, mon poids, mon rebond, tout a été mesuré avec une précision chirurgicale. Le moindre gramme de trop et c’est l’espoir qui s’envole.
Ensuite, une longue traversée du désert, enfermée dans une boite sombre sans oxygène durant un temps qui m’a paru infini. Une sorte de cryogénie. Des sons, réguliers, mais un noir absolu.
Et soudain, ça a été la libération. Un grand « Pschiiiitttt » a retenti, et la lumière est apparue.
Qu’avez-vous ressenti ?
Une sensation intense de liberté ! Ca y est, enfin, j’étais lancée dans le grand bain, des rêves plein la tête.
Quels rêves par exemple ?
Celui de jouer sur les plus grands courts, au côté des plus grands joueurs ! D’écrire l’Histoire du Tennis !
Et puis, ma grande sœur, La « French Open » de 8 ans mon aînée, faisait - comme son nom l’indique - Roland Garros chaque année. C’est vous dire que j’ai très vite dû supporter les attentes autour de moi et la pression que ça génère.
Comment faites-vous pour supporter cette pression dont vous parlez ?
La pression, j’en ai toujours en moi, et c’est ce qui fait ma force. Sans cela, je vivrai une vie mollassonne dans une niche d’un petit jardin pavillonnaire. Moi je veux frissonner !